Dans une révélation qui suscite un vif débat au sein de l’opinion publique et des cercles politiques congolais, une correspondance émanant de Jean-Pierre Bemba Gombo, Vice-Premier Ministre en charge de la Défense nationale et des Anciens combattants, a été mise au jour, exposant une demande controversée adressée aux responsables de la gestion des péages routiers du pays. Selon le document obtenu, le Vice-Premier Ministre a instruit les Directeurs généraux de la Société des péages du Congo (SOPECO) et de la Société de gestion des routes (SGR) de rediriger les recettes publiques, initialement allouées à l’entretien et à la construction des infrastructures routières, vers les caisses du ministère de la Défense nationale, en vue de soutenir l’effort de guerre.
Cette directive, qui s’appuie sur une précédente communication du ministre des Finances datée du 12 janvier 2024, a immédiatement soulevé une vague de critiques. Les détracteurs de cette mesure pointent du doigt une potentielle irrégularité administrative et éthique, mettant en lumière les implications d’une telle décision sur la transparence et la gestion des fonds publics. La lettre, datée du 21 février 2024, semble en outre ignorer les directives présidentielles récentes interdisant toute nouvelle dépense publique hors salaires dans le contexte des affaires courantes.
Des voix s’élèvent pour questionner la légitimité de cette requête, arguant que la gestion des péages ne relève pas directement du ministère de la Défense, mais plutôt de celui des Finances, et que toute réaffectation des fonds devrait transiter par le Trésor public. Cette situation met en évidence les tensions existantes au sein de l’appareil gouvernemental et soulève des questions sur la coordination et la communication entre les différents ministères.

L’affaire prend une dimension encore plus critique à la lumière des récents événements politiques dans le pays, notamment les manifestations organisées par les partisans du MLC en réaction aux résultats des législatives nationales, et les spéculations autour de la position de Jean-Pierre Bemba vis-à-vis du Premier ministre actuel, Sama Lukonde.
Alors que le débat fait rage, un conseiller du ministère des Finances tente de nuancer la situation en rappelant que, suite à une mesure visant à limiter les retraits en espèces, les ministères sont autorisés à gérer des comptes bancaires spécifiques pour certaines opérations. Cette précision, toutefois, ne semble pas apaiser les critiques, qui voient dans la démarche de Bemba une tentative de contourner les procédures établies, alimentant ainsi les suspicions et les interrogations sur la gestion des ressources publiques dédiées à l’effort de guerre.
Cet épisode met en lumière les défis auxquels est confrontée la République Démocratique du Congo dans la gestion de ses affaires internes, entre nécessité de financer la défense nationale et impératif de maintenir une gestion transparente et équitable des ressources publiques. Il souligne également l’importance d’une communication claire et d’une coordination efficace au sein du gouvernement pour éviter les malentendus et les controverses susceptibles de miner la confiance publique.
Signé par La Rédaction