Au cœur de la législature en cours, une recomposition de la majorité parlementaire a secoué le paysage politique en République démocratique du Congo (RDC), entraînant l’éviction de la famille politique de Joseph Kabila du gouvernement avec la rupture de la coalition FCC-CACH. Cette reconfiguration politique s’est accompagnée de tentatives pour éliminer le candidat Moïse Katumbi de la course à la prochaine élection présidentielle, sur fond de la proposition de loi Tshiani. Toutefois, cette dynamique suscite des inquiétudes au Katanga quant à une potentielle exclusion de l’élite politique de cette région du champ politique national.
L’analyste politique Hemedi Kutema Lulindi exprime ses préoccupations sur ce sujet dans une tribune riche en arguments intitulée « Deux poids deux mesures dans les affaires Salomon Kalonda, Mike Mukebayi et les cathodes de cuivre. » Il souligne la nécessité d’apaiser le climat politique dans la poudrière politico-identitaire du Katanga, où les politiciens, qu’ils soient affiliés au pouvoir ou à l’opposition (notamment Ensemble pour la République), sont confrontés à des difficultés croissantes.
Les tensions dans la région du Katanga ont atteint un niveau critique, avec des affrontements même entre alliés, conduisant parfois à des pertes humaines. Le président Félix Tshisekedi lui-même a reconnu l’échec du quinquennat en matière de justice, pointant du doigt une justice à géométrie variable, agissant avec deux poids deux mesures. Cette situation alimente un profond sentiment de persécution chez les Katangais, provoquant un ressentiment à l’égard des autorités et du système judiciaire.
Des cas spécifiques viennent illustrer cette inquiétante pratique judiciaire. Certains opposants politiques tels que Franck Diongo, Mike Mukebayi et Salomon Kalonda se sont retrouvés derrière les barreaux pour leurs opinions politiques, tandis que des membres proches du pouvoir ayant tenu des discours tribalistes et racistes échappent à de telles mesures.
Le cas de Salomon Kalonda est particulièrement emblématique, puisqu’il a été détenu pendant plus de 60 jours sans procès, avec des accusations qui semblent dénuées de fondement. Les ONG de défense des droits de l’homme ont appelé les autorités à trouver une solution urgente pour apaiser le climat politique avant les élections générales prévues en décembre 2023.
Cette situation inquiétante suscite des questionnements quant à la santé de l’état de droit en RDC, et les Katangais, qu’ils soient affiliés au pouvoir ou à l’opposition, s’inquiètent d’une exclusion de l’élite politique de leur région sur la scène nationale. La RDC fait face à des défis cruciaux pour instaurer une justice équitable et restaurer la confiance du peuple dans ses institutions politiques et judiciaires.