Par Papy TAMBA, Analyste Politique et Observateur des Droits de l’Homme
Dans le paysage politique congolais, l’ombre des droits de l’homme s’est allongée de manière préoccupante sous le règne de Félix Tshisekedi. Une série d’événements et de décisions gouvernementales ont soulevé des inquiétudes quant à la situation des libertés individuelles et collectives dans le pays, faisant naître des questionnements sur la voie que prend la nation depuis l’arrivée au pouvoir du président actuel.
L’un des aspects les plus saisissants de cette évolution est l’usage de l’inculpation pour offense au Chef de l’État, un mécanisme qui a conduit à un nombre sans précédent de personnes derrière les barreaux. Depuis l’indépendance en 1960, aucun président n’avait connu une telle vague de privations de liberté liées à cette infraction. Parmi les noms qui figurent sur la liste des détenus politiques, on peut citer Henri MAGIE, Jimmy KITENGE, Jean Marc KABUND et bien d’autres encore. Cette répression a laissé des cicatrices profondes sur ceux qui ont subi une telle cruauté.
Tout aussi inquiétant est le nombre croissant de politiciens en exil, craignant pour leur sécurité dans le climat politique actuel. Des personnalités telles que Corneille NANGA, KIKAYA BIN KARUBI et KABASU BABU ont choisi de quitter le pays, citant le règne du président Tshisekedi comme une source d’insécurité persistante. Dans une interview récente, le président en exil Corneille NANGA a évoqué les assassinats de plusieurs personnalités, dont Chérubin Okende, le général Munkutu et le général Delphin KAYIMBI, pour expliquer les raisons de sa fuite du pays.
Même au sein de l’armée, la répression s’est fait ressentir. Le général John NUMBI vit en exil, tandis que les généraux YAV et DJADJIDJA croupissent en prison sans qu’aucune raison valable ne soit avancée. François BEYA, conseiller spécial du président Tshisekedi, a également été contraint à l’exil à la suite d’un simulacre de procès, au cours duquel certains de ses présumés complices ont été libérés. L’ancien directeur général de l’Agence Nationale de Renseignement (ANR), KALEV MUTOND, reste introuvable.
Même les défenseurs des droits de l’homme tels que Victor TESSONGO et ses pairs n’ont pas échappé au climat de répression. Contraints à l’exil, ils continuent de lutter pour la justice et la liberté depuis l’étranger.
Le monde journalistique lui-même a subi des bouleversements. Des journalistes qui, par le passé, avaient porté un regard critique sur l’ancien président KABILA, ont désormais fait l’expérience des conséquences de la critique. Daniel SAFU, Mike Mukebayi et Peter TIANY, autrefois des voix engagées, ont été réduits au silence et ont connu la garde à vue, la prison et les tribunaux. Les convocations à comparaître sont devenues monnaie courante parmi les journalistes. Pero Luwara et John Lungila ont fait le choix de l’exil pour échapper à la pression.
La liste des acteurs politiques derrière les barreaux ne cesse de s’allonger : Franck Diongo, Barnabé Milinganyo, Salomon SK DELLA, le pasteur Daniel NGOYI MULUNDA, pour n’en nommer que quelques-uns.
Enfin, l’affaire du gouverneur Richard MUYEJ MANGEZE MANS, dont les réalisations ont été remises en question après sa démission, reflète l’ampleur du problème. Malgré sa démission, il est toujours empêché de quitter le pays pour des raisons médicales, mettant en lumière une forme de restriction des droits individuels.
Dans cet environnement complexe, il est crucial de maintenir un espace pour le dialogue et la critique constructive, tout en préservant les droits fondamentaux de chaque citoyen. Alors que le pays avance, il est essentiel de trouver un équilibre entre la sécurité et la préservation des libertés, pour assurer un avenir respectueux des droits de l’homme pour tous les Congolais.