Tout porte à croire que ça va bouger dans tous les sens, d’ici aux élections.
Le principal opposant au régime de Félix Tshisekedi, Martin Fayulu et l’ancien Premier ministre, Augustin Matata Ponyo se sont parlés. Un tête-à-tête hier à Kinshasa, diversement commenté dans différentes plateformes des réseaux sociaux. Des internautes congolais d’ici et d’ailleurs, y sont allés de leurs lectures. Normal, dans la mesure où c’est la première fois que les deux hommes se rencontrent pour, officiellement, passer au scanner, la situation globale de la RD Congo sous l’ère Fatshi.
« Le Président national du LGD (Leadership et Gouvernance pour le Développement), Matata Ponyo, a rencontré hier mercredi 11 mai Martin Fayulu, l’une des figures emblématiques de l’opposition congolaise. Pendant près de 2 heures d’échanges, les deux personnalités ont fait le tour d’horizon des questions liées au bloc de l’opposition en RD Congo », peut-on lire sur le compte officiel Twitter, du parti cher à l’ancien Premier ministre, élu sénateur lors de l’élection de 2019.
A la presse qui l’a interrogé au sortir de sa rencontre avec Martin Fayulu, pour chercher à savoir ce qu’ils se sont dits, Augustin Matata, souriant, a répondu protocolairement : « Nous avons fait le tour d’horizon de la situation politique et sécuritaire du pays (…) Nous avons passé en revue les questions de fond de la situation générale du pays« .
VERS UN BIG BANG AU SEIN DE L’OPPOSITION ?
On ne saurait lire autrement la rencontre Fayulu -Matata, sans la situer dans le contexte d’actualité du pays. A en juger par les prémisses, des analystes avertis se demandent le tête-à-tête entre les deux acteurs politiques n’est pas la fameuse hirondelle qui annonce le printemps. Plus simplement, va-t-on vers un big bang au sein de l’Opposition ? Trêve de supputations !
Seulement voilà, le décryptage amène à une évidence. A savoir, la donne élection qui parait désormais, une variable déterminante dans les relations (circonstanciées ?) des acteurs politiques. De là, à inférer que ca va bouger dans tous les sens, d’ici aux élections constitutionnellement prévues pour l’année prochaine, il n’y donc qu’un petit pas à franchir.
Les élections, autant le souligner, sont ce qu’est la saison des amours chez les animaux où chaque mâle cible sa partenaire. La métaphore s’arrête là. Entendu que nul ne saurait prétendre gagner les élections seul, l’heure des alliances semble déjà avoir sonné. Libre à chaque acteur politique de choisir avec qui composer. Vu sous ce prisme électoral, le face-à-face d’hier, entre Martin Fayulu, conforté dans sa posture de Président élu de l’élection du 31 décembre 2018 et Augustin Matata, sénateur élu du Maniema, n’est pas à classer dans le registre des faits anodins. Bien au contraire.
Vu de nombreux analystes, si les deux acteurs ont décidé de faire chorus en prévision de prochaines joutes électorales, ils pourront alors constituer un véritable bloc ferme en béton pour faire face à « Béton« , candidat unique et incontestable du camp adverse. Ici, parler de Martin Fayulu, n’est à la limite, qu’une simple métonymie qui renvoie à la plateforme Lamuka. On ne devrait pas non plus, minimiser l’apport de toutes les autres forces politiques et sociales, réunies au sein du « Bloc patriotique ».
QUI S’EFFACERA AU PROFIT DE QUI ?
Quiconque lit entre les lignes, l’offre politique actuelle de Lamkuka, principale plateforme de l’opposition née en novembre 2018 en Suisse, pourrait arriver à la conclusion que Martin Fayulu récidivera en 2023. Autrement dit, c’est lui le candidat naturel de l’anti pouvoir à la présidentielle de 2023.
En même temps, ca se murmure autour de Moise Katumbi, leader du parti « Ensemble pour la république« , connu aussi comme l’un des signataires de l’Acte fondateur de Lamuka en terres helvétiques. Même si rien n’est encore officiel, quant à la candidature du chairman du prestigieux club lushois de football, ses partisans y croient fermement. A la seule difficulté que Moise Katumbi semble entretenir un flou artistique, en ce qui concerne ses rapports avec l’Union sacrée de la nation, la nouvelle majorité parlementaire acquise à l’actuel Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi.
Cependant, au-delà des énigmes, Augustin Matata Ponyo (nouveau partenaire de Fayulu?), ne fait plus aucun mystère sur ses ambitions de postuler à la présidentielle de 2023. En tout cas, le tout premier congrès de son parti, tenu le 3 mai courant à Kinshasa, l’a doublement investi comme président national du LGD et candidat du parti à la prochaine élection présidentielle. « Je vous informe avoir décidé d’accepter votre choix porté sur ma modeste personne comme candidat de notre parti à l’élection présidentielle », avait réagi l’homme à la cravate rouge, dans son allocution de circonstance.
Dans cette perspective des alliances, si Martin Fayulu et Augustin Matata ont décidé de s’unir, alors ils devront se mettre d’accord sur le candidat unique de l’opposition face à Félix Tshisekedi, candidat à sa propre succession, porté par l’USN. Alors la question : qui de Fayulu et de Matata devra s’effacer au profit de l’autre ? Jusqu’où irait leur projet de mariage ? Evidemment, au stade actuel des choses, il est prématuré et même très hasardeux de pronostiquer. Dès lors que l’inconnue actuelle participe à la stratégie interne, l’opinion et les partisans de l’opposition devraient encore prendre leur mal en patience.
Grevisse Kabrel
Forum des As