Dans un événement très attendu, les autorités sénégalaises ont procédé à l’arrestation de l’opposant politique Ousmane Sonko ce vendredi 28 juillet. Les spéculations concernant cette arrestation avaient alimenté les débats dans le pays depuis plusieurs semaines. La confirmation est venue d’Ousseynou Ly, porte-parole des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), lors d’une déclaration à Jeune Afrique.
Peu avant son interpellation, Ousmane Sonko, qui ambitionne toujours de se présenter à l’élection présidentielle de février 2024, avait publié un message sur les réseaux sociaux. Il faisait état d’une surveillance soutenue devant son domicile par des agents des renseignements généraux. Face à cette situation, il avait exigé qu’un individu cesse de le filmer et d’effacer les images capturées. Par la suite, une forte équipe de gendarmerie s’était positionnée devant sa résidence, suscitant une tension palpable.
Le leader de l’opposition avait déjà été condamné le 1er juin à une peine de deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse. Depuis cette condamnation, il s’était retranché chez lui et était considéré de facto en résidence surveillée dans le but de prévenir tout trouble à l’ordre public, selon les déclarations du gouvernement. Néanmoins, les barricades qui bloquaient l’accès à son domicile avaient été retirées lundi dernier, bien qu’un dispositif policier allégé ait été maintenu avec la proximité du maire de Ziguinchor.
La décision du gouvernement de maintenir Ousmane Sonko en liberté après le verdict du procès pour « viols et menaces de mort », qui avait entraîné de violentes manifestations dans le pays, avait soulevé de nombreuses interrogations. Ces manifestations avaient malheureusement entraîné la mort d’environ vingt personnes et des dommages matériels importants.
Le ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, avait affirmé que l’opposant pouvait être appréhendé à tout moment, et le ministre porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana, avait insisté sur le fait que la question de son arrestation relevait du procureur de la République.
Les affaires judiciaires impliquant Ousmane Sonko ont engendré des manifestations depuis mars 2021, qui ont malheureusement entraîné la mort d’au moins 30 personnes et causé d’importants dégâts matériels. Face à la situation, Seydou Gueye, ministre-conseiller de Macky Sall, avait rappelé l’importance de l’égalité devant la loi et souligné que toute personne condamnée devait exécuter sa peine conformément à l’État de droit.
Dans une entrevue diffusée sur France 24 le 6 juillet, le principal opposant à Macky Sall avait provoqué l’État en le défiant ouvertement de l’arrêter. Ousmane Sonko avait clairement exprimé qu’il n’y aurait pas d’élection si le président Macky Sall tentait d’empêcher sa candidature par des manœuvres judiciaires. Il avait même prévenu que cela plongerait le pays dans un chaos indescriptible.
L’arrestation d’Ousmane Sonko marque un tournant majeur dans le paysage politique sénégalais et soulève des questions sur l’avenir de l’opposition et des prochaines élections présidentielles. Le Sénégal se trouve à un moment crucial de son histoire politique, avec des enjeux importants concernant l’État de droit et la démocratie. Les événements à venir suscitent une grande attention de la part de la communauté internationale et des observateurs nationaux.