Dans un communiqué de presse daté du 13 octobre 2020, l’association Congolaise pour l’accès à la justice ACAJ fustige les propos Hubert Kabasu Babu, qui avait fait savoir que ACAJ serait sous les ordres de Félix Antoine Tshisekedi.
Dans une logomachie publiée dans les colonnes du quotidien Forum des As n° 6253, paru le 1èr octobre 2020, et dans les réseaux sociaux intitulée : « l’ACAJ instrumentalisée par la Présidence dans un séminaire manichéen », M. Hubert KABASU BABO, s’est lancé maladroitement dans une diatribe à l’encontre de l’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ).
En cause, l’organisation par cette dernière, en collaboration avec les structures attitrées de la Présidence de la République, d’un Forum national sur la Performance dans la bonne gouvernance de la Nation. Selon son entendement, l’organisation dudit Forum constitue une preuve irréfragable d’instrumentalisation de l’ACAJ par la Présidence de la République. Pour asseoir ses errements « scientifiques », il relève trois carences majeures qui auraient caractérisé les assises incriminées, à savoir : (1) une intellectualité manichéenne et un rituel antirépublicain ; (2) la carence en corpus épistémique sur la performance du gouvernement, couplée aux prescriptions laissant à désirer en termes d’innovation et d’opérationnalisation et (3) un diagnostic partial ignorant la récurrence des pathologies de corruption et détournement à la Présidence dans la dispensation en 2019-2020.
En réalité, le verbiage creux étalé tout au long de sa prise de position dissimule mal ses véritables motivations. En effet, cette levée de boucliers s’explique par le fait que le Forum national sus évoqué ait « osé » intégrer dans son champ d’analyses critiques la période 1997-2018, laquelle, selon lui, consacre la renaissance de la RD Congo entant qu’Etat.
Cette publication aux allures d’une juxtaposition des phrases et concepts non-appropriés constitue, ni plus, ni moins, des tribulations désespérées d’un flagorneur en quête désespérée de positionnement politique.
Sans vouloir polémiquer, l’ACAJ se fait le devoir de publier le présent droit de réponse qu’il vous saura gré de publier intégralement.
1. La réaction de M. Hubert KABASU BABO inutilement prétentieuse, relève d’un militantisme de bas étage, car le Forum national organisé du 21 au 24 septembre 2020, n’a jamais été un réquisitoire orienté, ni vis-à-vis d’un régime, d’un individu ou encore moins d’un groupe d’individus. Il s’agit en l’espèce d’un procès d’intention sur fond d’un agencement littéraire incongru qui n’apporte aucune contradiction scientifique crédible.
D’aucuns n’ignorent que la société congolaise est gangrénée depuis des lustres par un mal rampant qui s’appelle la Corruption. Sa généralisation à tous les secteurs de la vie nationale représente un handicap substantiel pour tout projet de développement national.
En considérant cet état des choses la société civile, longtemps écartée de la conception, ainsi que de la mise en œuvre des politiques publiques, a décidé de saisir l’opportunité du pacte républicain dont les prémices se dessinent depuis l’alternance advenue en 2018, pour initier un échange citoyen et constructif sur les meilleures pratiques susceptibles de lutter contre la corruption ambiante, et ainsi orienter les ressources nationales vers la satisfaction de l’intérêt général.
Pour ce faire et outre la Présidence de la République, les organisateurs ont associé à la réflexion, non seulement le Gouvernement, des Gouverneurs de Province, des présidents des Assemblées provinciales, des responsables des régies financières, mais également d’éminentes personnalités du monde scientifique, des hommes et femmes d’affaires, la Banque centrale, les banques commerciales et certaines forces vives du pays.
Sans administrer la moindre preuve contraire, M. KABASU BABO affirme : « les élites, techniciens et leaders d’autres franges sociopolitiques de la nation ont été délibérément exclus ». A qui fait-il allusion précisément ?
Il est irresponsable de la part de ce Monsieur de distiller de telles conjectures uniquement dans le but de plaire à ses mandants. Sinon, il se serait donné la peine de déférer à l’exigence de confrontation des sources au lieu de s’exposer au ridicule ; pourvu qu’il démontre à son Maître sa capacité de bondir toutes les fois que sa gestion serait sujette à analyse.
Dans sa fougue militante de la 25ème heure, il étale par ignorance au grand jour ses insuffisances quant à la compréhension de la pratique politique issue des scrutins de 2018, ainsi que de l’accord de coalition intervenu entre le FCC et le CACH.
Est-il en mesure de prouver que la présence du Premier Ministre, ainsi que de plusieurs membres du Gouvernement audit Forum a obéi à des nécessités protocolaires ?
L’ACAJ rappelle à M. Hubert KABASU BABO que les pyromanes de tous les bords socio-politiques ne doivent pas arborer aujourd’hui des habits de sainteté et crier à la victimisation chaque fois qu’il leur est demandé de rendre compte de leur gestion respective.
Plus qu’hier, le sens du combat citoyen n’est pas uniquement celui du bien contre le mal, mais surtout celui de comment faire triompher le Bien dans sa dimension holistique. Voir en cela une démarche manichéenne serait, ni plus, ni moins, une insulte à l’égard de toutes les sommités scientifiques, politiques, économiques, ainsi que les forces vives qui ont, dans un élan patriotique, décidé de prêter leur intelligence substantielle à la construction d’une société débarrassée de la mal gouvernance, pour un devenir commun radieux.
2. Notre spécialiste en pilotage de la performance du gouvernement éprouve des sérieuses difficultés à établir un distinguo entre un forum et un séminaire. Non, Monsieur KABASU BABO, la haine qui vous suffoque de savoir que le Forum a été organisé en collaboration avec la Présidence de la République, vous a obnubilé au point de vous empêcher de lire la note conceptuelle introductive du Forum que vous tournez en dérision. Sinon, vous ne vous perdriez pas dans une confusion des concepts forum et séminaire. A l’avenir, l’ACAJ invite le politologue KABASU BABO à relire ses notes de graduat pour une meilleure maitrise de ces deux notions.
De ce qui précède, le forum étant par essence un espace d’échanges sur un thème précis et entre différents acteurs avertis, ayant en partage un ensemble des connaissances sur son thème principal, les organisateurs ont estimé superfétatoire de gaspiller le temps dans des discours savants sur une perspective épistémique, relevant du préacquis. Il ne s’agissait pas d’un séminaire de philologie ou philosophie.
3. Destitué de ses fonctions de Gouverneur de la défunte Province du Kasaï-Occidental pour « mauvaise gestion et détournement des deniers publics », Monsieur Hubert KABASU BABO ne peut prétendre subitement s’ériger en donneur des leçons sur la performance dans la gouvernance de la Nation.
Il accuse, à tort, les organisateurs d’avoir réalisé un diagnostic partial en ne se focalisant que sur la césure temporelle 1997-2018, coïncidant bizarrement avec le règne de ses mandants successifs !
Tenez, après avoir été chassé du Gouvernorat du Kasaï-Occidental, en 2012, voici ce qu’écrivait M. Hubert KABASU BABO, en 2013, sur le régime KABILA qu’il encense aujourd’hui : « …Ce livre est un essai-témoignage qui démontre la patrimonialisation des Gouverneurs par les pseudo-élites rentières kabilistes…Ce qui rendra ainsi possible la neutralisation des institutions de la République et donc la prolongation de l’autocratie sultanesque kabiliste ». Extrait tiré de son livre intitulé : Gouverner une Province en RD Congo : le Kasaï-Occidental dans les griffes du régime Kabiliste ; publié sous le label Global Ubuntu.
Comble du ridicule, M. KABASU BABO se trouve scandalisé par le fait que le Forum ait notamment épingle des travers que lui-même dénonçait jadis.
Avec une telle versatilité, il est aisé de réaliser à quel point le Congo est sérieusement malade de ses pseudo-intellectuels qui ne se préoccupent que de comment accéder à la mangeoire, même au prix d’un reniement de soi !
Dans le même ordre d’idées, les états de service notoirement connus de M. Hubert KABASU BABO renseignent qu’il a servi au sein du mouvement rebelle Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD-Goma) en qualité de Secrétaire Général.
Même s’il en a été chassé par la suite, paraît-il pour « incompétence », il reste établi qu’il aurait été témoin, auteur ou co-auteur des atrocités innommables commises par ce mouvement rebelle à l’égard des compatriotes dont les meurtrissures sont encore présentes.
A cet effet et dans l’hypothèse où il l’aurait oublié, l’ACAJ rappelle au bon souvenir de l’ancien Secrétaire Général du RCD-Goma ce que révèle le rapport Mapping, publié en août 2010, concernant les violations les plus graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises entre mars 1993 et juin 2003 sur le territoire de la RD Congo (Page 316, point 594) : « Dans toutes les régions sous contrôle du RCD-G, la répression contre les opposants a été brutale et arbitraire. Des centaines de femmes accusées d’aider les milices et les mouvements rebelles, soupçonnées d’intelligence avec les FAC ou simplement d’avoir critiqué le RCD-G auraient été sujettes à la violence sexuelle à leur domicile, parfois devant leurs enfants et maris, et auraient fréquemment été arrêtées.
Les épouses ou parentés de personnes recherchées auraient parfois été arrêtées en lieu et place de leur conjoints ou de leurs frères. Détenues dans des prisons ou des containers, elles auraient été systématiquement violées, battues, puis pour certaines assassinées. Si cette répression a surtout touché les femmes des Kivu, elle a aussi fait des victimes dans les autres régions sous contrôle du RCD-G, comme en province Orientale et au Maniema.
L’usage de la torture dans les lieux de détention du RCD-G comportait des éléments sexuels que l’on retrouve dans les crimes commis lors de certains massacres contre les populations civiles tels que le viol, l’insertion de piment dans les parties sexuelles et les mutilations génitales ».
Au lieu de perdre son énergie à rédiger des brouillons dont les soubassements sont loin d’être scientifiques et à raser les murs de ses mandants en vue d’y faire acte de son activisme contre des ennemis qu’il s’est construits et ainsi espérer bénéficier de la mansuétude du maître, M. Hubert KABASU BABO ferait œuvre utile en préparant déjà les éléments de sa défense lorsque viendra, pour lui, le moment inéluctable de rendre compte devant les instances judiciaires compétentes de tous les crimes ci-dessus décrits à charge de RCD-G. Car, l’amnistie décrétée à SUN-CITY est inopérante pour les crimes de cette nature.
L’ACAJ et d’autres ONG de droits de l’homme nationales et internationales travaillent activement dans ce sens.
Au demeurant et pour la gouverne de M. Hubert KABASU BABO, les Nations-Unies insistent sur le fait que la bonne gouvernance et les droits de l’homme sont complémentaires et que la première est une condition préalable à la réalisation des seconds. D’où, la société civile, en tant que composant crucial de tout système démocratique, doit jouer un rôle crucial dans la conception et la mise en œuvre des réformes, au plan national. Malheureusement, M. Hubert KABASU BABO considère à tort cette posture citoyenne comme une intrusion des ONG des droits de l’homme dans la sphère politique, valant leur instrumentalisation par cette dernière.
Les droits de l’Homme, la démocratie et d’autres éléments clés de la bonne gouvernance sont essentiels pour un développement inclusif et durable, et doivent occuper une place de choix dans le dialogue constructif entre gouvernants et gouvernés.
C’est cela que s’efforce à matérialiser l’ACAJ, ainsi que d’autres forces vives de la société civile.
N’en déplaise à M. Hubert KABASU BABO !