Faut-il continuer d’organiser des élections présidentielles en Afrique en général et en RDC en particulier ? Cette question peut être jugée provocatrice par les idéologues de la démocratie en Afrique. Cependant, elle fait suite à une observation des élections sur le continent africain ces vingt-cinq dernières années, particulièrement la dernière élection présidentielle en RD Congo.
Sur le continent, les élections présidentielles donnent à voir cette même complainte de fraude, de tricherie et de manque de transparence et d’équité. Pourquoi organiser une élection dont le processus est de toute façon remis en cause et ne débouche que rarement sur l’alternance, mais plutôt sur des violences, et des morts ?
Mon argument est qu’il ne faut pas organiser d’élection présidentielle dans certains pays africains, comme en RDC. Ne pas le faire, c’est épargner des vies humaines, c’est épargner de l’argent, c’est s’émanciper d’acteurs politiques en manque d’inspiration. Le gain humain, économique, moral et politique de la non-organisation de présidentielles l’emporte sur le maintien d’un simulacre qui ne vise qu’à satisfaire la communauté internationale.
Le modèle démocratique occidental, contrairement à la pensée distillée, n’est pas universel. Chaque société devrait s’inventer son propre modèle de gouvernance qui assure sa pérennité dans la paix et le progrès.
À ce titre, l’élection présidentielle pourrait être maintenue uniquement dans les pays où l’expérience semble fructueuse. Mais, dans les autres, il faut penser à autre chose, avant que l’Occident ne trouve – encore – une autre « solution » à imposer aux Africains, faute d’avoir trouvé par eux-mêmes. Le régime parlementaire, entre autres, peut peut-être contribuer à réduire tensions et violences à l’échelon régional ou local plutôt que national. Aussi, un candidat à la présidentielle ivoirienne de 2015 avait proposé la brillante idée d’un système tout à fait inédit fondé sur une présidence tournante entre les régions ou blocs ethniques. Pourquoi pas l’essayer en RDC ?