Dans un discours diffusé ce lundi soir, le président sénégalais Macky Sall a pris tout le monde par surprise en annonçant qu’il ne serait pas candidat pour un nouveau mandat présidentiel.
Les derniers jours de suspense
Les événements se sont déroulés rapidement ces derniers jours. Bien que Macky Sall ait toujours affirmé être en droit de se représenter, il avait apparemment envisagé de passer le flambeau à un successeur. Mais il semble que cela ne se soit pas concrétisé. Au sein de son propre camp politique, l’idée de présenter un dauphin à l’élection présidentielle était difficilement envisageable… Cependant, samedi dernier, le chef de l’État a rencontré les élus locaux de Benno Bokk Yaakaar, la coalition au pouvoir, qui lui ont exprimé leur soutien et compté sur sa candidature.
Une décision surprenante
Pourtant, ni la pétition signée par plus de 500 maires et présidents de conseils départementaux, ni le soutien de son parti n’ont fait pencher la balance du côté de sa candidature. Bien que le président ait été tenté par un troisième mandat par le passé, il a à plusieurs reprises affirmé qu’il ne cherchait qu’à exercer deux mandats. « J’ai un code d’honneur », a-t-il déclaré ce lundi soir. Au cours des derniers mois, et plus particulièrement ces derniers jours, Macky Sall a laissé planer le doute quant à sa décision de se présenter ou non. Enfin, il a donné sa réponse.
Le dernier mandat de Macky Sall
Encore une fois, lors de sa rencontre avec les élus locaux, il était resté évasif… « Mon combat et ma plus grande fierté, c’est vraiment de vous conduire vers la victoire et de poursuivre notre politique économique au bénéfice de notre population ». En d’autres termes, rien de nouveau : Macky Sall a entretenu un certain suspense, mais il est clair qu’il jouera un rôle lors de l’élection présidentielle de 2024.
Et finalement, la réponse tant attendue est arrivée. Ces derniers jours, Macky Sall avait prévu de s’adresser à la nation. Programmée « après la Tabaski », cette allocution a eu lieu ce lundi soir à 20 heures, heure de Dakar. Dans son discours, Macky Sall a tout d’abord tenu à « renouveler ses condoléances » aux familles des victimes des récentes émeutes. Le président a expliqué qu’il lui avait été difficile de prendre la parole. Après avoir critiqué Ousmane Sonko, qu’il accuse d’avoir « semé la terreur » et tenté de « détruire notre modèle de société », Macky Sall a promis de rendre compte de son action dans un futur proche.
Il aura fallu une vingtaine de minutes pour que le président annonce enfin la nouvelle tant attendue. Lorsqu’il a évoqué l' »avenir » et le « Sénégal de demain », on pouvait penser qu’il annonçait sa candidature. Finalement, le président a affirmé qu’il ne se lancerait pas dans la bataille électorale, même s’il restera « au service de la République et de la nation ».
La présidentielle avec ou sans Sonko ?
Une fois de plus, avant le discours, Ousmane Sonko a utilisé un langage belliqueux. « Ce qui va se passer n’est autre que le dernier acte visant à mettre fin à ce complot contre ma candidature », a déclaré Ousmane Sonko, affirmant que « l’Assemblée nationale sera certainement convoquée en procédure d’urgence pour adopter des mesures visant à réhabiliter certains candidats et à tout faire pour exclure un candidat qui semble être le mieux placé pour remporter les prochaines élections présidentielles ». Mais Sonko devra maintenant trouver d’autres stratégies.
L’avenir politique du Sénégal
Et cette lutte s’annonce difficile pour Sonko. Dans les mois à venir, la pression sera énorme pour lui. Ousmane Sonko pourra-t-il se présenter ou sera-t-il inéligible ? En cas d’inéligibilité prononcée par la justice, c’est Macky Sall qui aura le dernier mot. Le président pourrait revoir le Code électoral afin de permettre aux candidats frappés d’inéligibilité de se présenter en cas de grâce présidentielle. Mais Macky Sall l’a affirmé ce soir : il « ne fera pas de compromis » avec ceux qui ont provoqué des émeutes ces dernières semaines.