Goma, 4 septembre 2023 – La fusillade tragique survenue dans l’est de la République démocratique du Congo, ayant entraîné la perte de 43 vies précieuses parmi les adeptes d’une secte opposée aux Nations Unies, a pris un nouveau tournant avec la mise à disposition du parquet militaire de Goma de deux hauts officiers de la Garde républicaine. Cette décision, annoncée ce lundi par le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur, Peter Kazadi, fait suite à une série d’auditions approfondies impliquant le Gouverneur militaire, les Commandants de la zone de défense, la police, les chefs de l’Agence nationale des renseignements (ANR) et de la Direction générale de migration (DGM), ainsi que plusieurs responsables militaires.
Les individus en question sont le commandant de la brigade interarmées, le colonel Mike Mikombe de la Garde républicaine, et le commandant du 19ème régiment, le colonel Bawili. Placés en détention, ils seront soumis à un procès dans les heures à venir, selon les déclarations du vice-Premier ministre Kazadi.
Cette décision émane d’une délégation gouvernementale dirigée par M. Peter Kazadi, qui avait pour mission de faire toute la lumière sur les événements tragiques de Goma, dans la province du Nord-Kivu, survenus mercredi dernier. Vendredi, le président Félix Tshisekedi avait exprimé sa consternation et sa colère face à l’utilisation de la force par les forces de sécurité pour disperser des adeptes d’un groupe mystico-religieux. Ce groupe réclamait le départ de la mission de l’ONU, des organisations humanitaires occidentales et de la force régionale africaine, selon les autorités locales. Le gouvernement a rapporté un bilan de 43 personnes tuées, dont un policier qui aurait été « lapidé à mort » par les adeptes, lesquels avaient ensuite saisi son arme.
Cette tragédie a poussé les autorités de l’état de siège, une mesure exceptionnelle octroyant aux forces militaires et policières le pouvoir de gouverner les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, à mobiliser l’armée afin de rétablir le calme. Goma, la capitale du Nord-Kivu, reste sous la menace persistante des terroristes du M23, qui bénéficient du soutien de l’armée rwandaise.
Ces insurgés ont pris le contrôle de plusieurs localités du Nord-Kivu, notamment la cité douanière de Bunagana, située à la frontière du Rwanda et de l’Ouganda. Dans un rapport alarmant, des experts de l’ONU ont accusé la coalition M23-armée rwandaise de commettre des exactions contre les civils, contraignant des milliers d’entre eux à quitter leur foyer.
Le M23, vaincu par l’armée congolaise et les Casques bleus en 2013, avait trouvé refuge au Rwanda et en Ouganda avant de reprendre les hostilités contre les forces armées congolaises. Pendant près de trois décennies, l’est de la République démocratique du Congo a été en proie à la déstabilisation, avec plus d’une centaine de groupes armés locaux et étrangers actifs, soutenus par des pays voisins cherchant à exploiter les ressources naturelles, notamment le coltan, l’or, le cacao, et le bois, entre autres.