Le Mystère du Déploiement Sud-Africain
Mercredi 27 décembre, la ville de Goma a été le théâtre du déploiement de troupes de la République d’Afrique du Sud. Selon des informations diffusées par les médias, cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un appui de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) aux Forces armées de la République démocratique du Congo (RDC), visant à pacifier l’Est du pays, en proie à l’activisme de groupes armés tels que le Mouvement du 23 mars (M23).
Cependant, il est curieux de noter l’absence de communication publique de la part de la SADC, une pratique inhabituelle au sein de cette organisation intergouvernementale. Deux hypothèses se dessinent : soit il s’agit d’un déploiement bilatéral entre l’Afrique du Sud et la RDC, soit il marque le début d’une intervention plus large de la SADC, sans pour autant revêtir un caractère offensif.
Déploiement Bilatéral : Une Coopération Renforcée
L’Afrique du Sud justifie le déploiement de ses troupes à Goma par le cadre de sa coopération bilatérale avec la RDC. Suite à la 12ème session de la grande commission mixte en juillet dernier à Kinshasa, les deux nations avaient convenu de renforcer leur collaboration en matière de défense et de sécurité. L’implication sud-africaine dans la lutte contre le M23 pourrait également être interprétée comme une démarche visant à contrer l’influence de certains acteurs régionaux.
Les tensions entre l’Afrique du Sud et le Rwanda, notamment liées à l’asile accordé par Pretoria à des opposants rwandais, pourraient expliquer ce positionnement stratégique. Kigali, engagé dans des efforts sécuritaires et défensifs sur le continent, semble étendre son influence, suscitant des rivalités avec l’Afrique du Sud.
SADC : Une Intervention Conformément à ses Principes
Si le déploiement de troupes sud-africaines est effectivement sous l’égide de la SADC, il s’inscrirait dans le cadre du Pacte de défense mutuelle de l’organisation, visant à assurer la sécurité collective des États membres. Cependant, il est important de souligner que la SADC n’a pas encore officiellement communiqué sur cette intervention.
À l’inverse de l’intervention en 2012, où la SADC avait déployé une force à mandat offensif contre le M23, l’actuelle opération semble se conformer aux principes de la Charte des Nations Unies. Le Conseil de sécurité, dans sa récente résolution, exprime son intention d’étudier les conditions d’un soutien logistique limité à une force régionale sous l’égide de l’Union africaine, sans mandat offensif automatique.
Dans ce contexte, le déploiement actuel de la SADC n’est pas nécessairement offensif, laissant entrevoir une possible coopération régionale dans le cadre strict du soutien logistique et opérationnel.
Manassé Kitemoko kosi