Par Manassé Kitemoko Kosi
La liberté de la presse en République démocratique du Congo (RDC) est une préoccupation majeure, et le cas du journaliste Stanis Bujakera en est un exemple frappant. Le 25 septembre, la Haute Cour de Kinshasa a rejeté la demande de mise en liberté sous caution de Stanis Bujakera, qui avait été arrêté de manière arbitraire le 8 septembre à l’aéroport de N’djili, à Kinshasa. Son arrestation et sa détention soulèvent des inquiétudes quant au respect des droits de la presse et à la liberté d’expression en RDC.
Stanis Bujakera, correspondant de renom pour Thomson Reuters et Jeune Afrique, a été appréhendé alors qu’il s’apprêtait à prendre un vol pour Lubumbashi, dans le sud-est de la RDC. Les autorités l’ont détenu illégalement pendant trois jours avant de le placer en détention provisoire le 11 septembre. De plus, ses téléphones et son ordinateur ont été saisis et fouillés sans mandat. Il est accusé par les autorités de « propagation de rumeurs » et de « diffusion de fausses informations » en relation avec un article qu’elles prétendent avoir été rédigé par lui.
Amnesty International estime que Stanis Bujakera est persécuté en raison de son travail de journaliste d’investigation. Les charges retenues contre lui semblent infondées, et elles représentent une atteinte à la liberté de la presse, un droit fondamental garanti par des instruments régionaux et internationaux, ainsi que par la Constitution congolaise.
En République démocratique du Congo, où des élections générales sont prévues pour décembre 2023, la liberté de la presse est cruciale pour un processus électoral transparent et démocratique. Cependant, des mouvements citoyens, des organisations de défense des droits de l’homme et des partis de l’opposition ont exprimé des inquiétudes croissantes concernant les restrictions de l’espace civique et les attaques contre les voix dissidentes à l’approche des élections.
Le cas de Cherubin Okende, un ancien ministre devenu une figure de l’opposition, est un exemple poignant de cette situation. Son décès, survenu en juillet 2023, a suscité des inquiétudes quant à la justice et à la transparence entourant l’enquête sur sa mort. Cherubin Okende était le porte-parole d’Ensemble pour la République, un parti d’opposition dirigé par Moïse Katumbi, qui est susceptible de devenir un rival du président Félix Tshisekedi lors de l’élection présidentielle.
Stanis Bujakera se retrouve malheureusement pris dans ce contexte tendu, où la liberté de la presse est sous pression, et où des journalistes sont régulièrement harcelés, détenus et poursuivis pour leur travail. Il est essentiel que les autorités de la RDC respectent les normes internationales en matière de liberté d’expression et garantissent la sécurité et l’intégrité des journalistes.
Nous appelons instamment le président Félix Tshisekedi à intervenir dans cette affaire et à veiller à ce que les charges retenues contre Stanis Bujakera soient abandonnées. Il est essentiel que ce journaliste soit libéré immédiatement et sans condition, conformément aux obligations de la RDC en matière de droits de l’homme.
La communauté internationale doit également rester vigilante et demander que la liberté de la presse soit respectée en RDC. Il en va de la démocratie, de la transparence électorale et du respect des droits fondamentaux des citoyens.
Manassé Kitemoko Kosi